Alison
J’écris cette lettre après beaucoup de temps, après beaucoup de retard. Evidemment je viens à peine d’écrire cette première phrase qu’un de mes amis mutants, Victor Creed, s’est penché par-dessus mon épaule à regarder ce que j’écris. Il s’est esclaffé et m’a tapé dans le dos avec sa main griffue en disant : « Comme tout ce que tu fais patron. ». Et bien entendu je ne sais pas s’il plaisante ou me reproche quelque chose. Victor a un humour très… particulier, je ne sais pas s’il te plairait si jamais tu le rencontres un jour. Il est très spécial. J’avoue que je suis angoissé, je ne sais pas comment écrire une lettre à une femme comme toi qui est plus brillante que moi pour tout sauf pour faire voler des sous-marins au dessus de l’océan. Et si jamais Xavier arrive à te montrer ce fameux point entre la rage et la sérénité, je suis sûr que tu me battras dans ce domaine !!!
Je me suis rendus compte depuis que mes frères et sœurs m’ont fait évadés de prison, que des tas de gens ont tous écrits en 10 ans plein de livres sur l’assassinat de John Kennedy. Ils révèlent tous la vérité sur sa mort qu’ils pensent avoir trouvé. Vise-moi l’échantillon : Kennedy a été assassiné au choix par la Mafia, l’armée, les russes, Fidel Castro, le Ku Klux Klan, un texan, un canadien, les extraterrestres. Certains de leurs bouquins ont même été adaptés en film à Hollywood dans des navets de seconde zone. J’avoue que j’ai été jaloux. J’ai vu que certains auteurs sur le complot de la mort de Kennedy avaient obtenus 10 000 à 20 000 dollars d’avances de l’éditeur, droits d’auteurs, droits cinématographiques etc… et popularité pour avoir fait une chose dont je pense que je pourrais le faire moi aussi !!! Et si je racontais ce qui nous est arrivé à Dallas ? Ma détention, l’existence des mutants, ce qui s’est passé à Cuba en 1962, tout ça. Mon grand atout littéraire ça serait toi, tu es la meilleure femme fatale qu’un apprenti écrivain comme moi puisse décrire un jour. Si on adapte notre histoire au ciné, je veux que Veronica Lake, Ryta Hayworth ou Lana Turner incarnent ton perso ! Mais évidement on me prendrait pour un fou, un auteur de science-fiction qui invente n’importe quoi ou que sais-je encore. Alors éliminé mon best-seller sur les mutants, je laisse à Hank McCoy le soin de l’écrire un jour à ma place. (J’espère qu’il va bien, dis lui qu’il me manque si tu en a l’occasion).
Quand j’étais jeune je pensais que j’allais finir par épouser une allemande, vivre à Breslau comme ma famille avant, puis devenir orfèvre comme mon père. Je m’amusais à imaginer qu’elle me donnerait 2 enfants qu’elle aurait poussé dans la voie des arts ou un truc du genre, me garantissant d’habiter rue des fauchés et de faire des heures sup pour payer leurs études jusqu’à ce qu’ils arrivent à leur doctorat à l’âge de 30 ans. Mais finalement ça ne s’est pas passé comme ça. Je me suis juste lancé à travers l’Europe, l’Amérique du Sud et finalement les USA dans un voyage sans fin pour arriver jusqu’à toi et les autres mutants.
Mais j’écris, j’écris, j’écris et je ne me lance toujours pas parce que j’ai le trac. Alors voilà. C’est cette mutante de ma confrérie qui m’a appelé la nuit dernière parce qu’elle aime me parler à moi, persuadé que je suis le seul qui peut lui donner des conseils en matière d’homme. On parle et je lui demande si elle a un petit ami en ce moment et en quoi consiste sa philosophie générale sur le mariage. Elle me dit : « Je suis une monogame en série et je vais continuer mon tableau de chasse. Et toi ? Parle moi de la femme que t’aime, je sais que y’en a une car je sais reconnaitre un amoureux tout triste quand j’en entends un. » Je n’ai rien répondus et je lui ais dis au revoir quelques minutes plus tard. J’ai toujours accepté une séparation avec une âme sœur parce que quand j’étais môme j’ai apprit trop tôt que le sentiment de « pour toujours » si cher à la jeunesse, on le perd très vite avec la mort d’un être cher. Mais quand je pense à toi j’ai envie de redevenir un jeune qui croit à « pour toujours ».
Bien que je n’ai jamais parlé de toi à aucun autre de mes alliés, il y a une mutante qui s’appelle Séléné qui a deviné ton existence j’en suis sûr. Mais aussi presciente que pragmatique elle ne me parle jamais de toi. Je crois que c’est parce qu’elle sait que cela me blesserait. Je crois qu’elle aime mon penchant pour les femmes équivoques et passionnée. Je crois qu’elle est jalouse de toi. Parce qu’elle a compris que je suis intraitable avec le monde qui m’entoure, mais d’une grande douceur avec toi. Je crois qu’elle aurait envie d’être aimée comme elle doit l’être. Elle t’envie.
Je suis un peu inquiet ces temps-ci. J’ai maigrit, je dors de plus en plus mal et Victor Creed m’a dit que je fais léviter les objets en métal autours de moi dans mon sommeil. Il continu à me demander sur le ton de la plaisanterie si je lui permets de prendre d’assaut la Maison-Blanche pour foutre la frousse au président Nixon, et je continus à lui répondre oui en plaisantant à moitié. A part ça je suis allé revoir Magda Maximoff qui m’avait utilisé pour avoir des enfants il y a plus de 20 ans. C’est devenu une confidente pour moi. Je lui ais demandé de me raconter comment étaient les jumeaux quand ils étaient enfants. Elle me l’a expliqué. Ma fille Wanda me posait des questions sur moi. Est-ce que j’allais revenir un jour pour lui faire le récit de mes aventures ? Ce que je regrette, c’est de ne jamais avoir été là pour leur raconter des histoires rassurantes. J’aurais voulut leur offrir des peluches comme des alligators. Pietro et Wanda auraient grandi en s’imaginant que les prédateurs (tel que Victor !!!) sont doux et câlins. Magda m’a révélé que quand ils étaient nourrissons, ils étaient une source d’énergie et d’épuisements sans fin. Elle s’est retrouvé mère célibataire toute seule après s’être enfuit de moi parce qu’elle l’avait voulut. Je ne sais pas ce que ça a du lui faire. Elle m’a finalement révélé qu’il y a 20 ans, elle a aimé me faire l’amour parce que je semblais avoir besoin d’avantage de considérations et d’affections que d’érotisme. Elle m’a dit qu’elle me trouvait attendrissant parce que j’avais une faim dévorante d’affection sans m’en rendre compte. Je crois que c’est parce que mes parents ont disparus trop tôt dans les camps en Pologne. Il y en a un qui avait comprit ça aussi. C’était Xavier. Je ne sais pas s’il te l’a révélé, mais la première fois qu’il m’a rencontré, il m’a prit dans ses bras sous l’eau (NON NE VA PAS T’IMAGINER DES CHOSES). Au début je pensais qu’il me voulait juste dans ses X-Men pour accomplir son projet. Puis en jouant aux échecs contre lui j’ai compris avec le temps qu’il me voulait surtout comme ami, au-delà de toute considération extérieure.
Et c’est à ça que je veux en venir. Je te veux au-delà de toute considération extérieure. Peu m’importe que tu sois ou non une mutante, tu es juste celle qui guide mes rêves depuis quelques temps. Malgré tous ce qui nous éloigne je rêve que tu prennes mon visage entre tes mains. Je veux fermer tes paupières en les couvrant de baisers et caresser sur ton cou une veine qui palpite. « Il y a des gens qui vous attendent toute votre vie. » C’est ce qu’un mutant m’a dit un jour.
Si tu veux me répondre va à la synagogue de Brooklyn, donne ta lettre au rabbin David Kruzfeld. Dis lui que c’est pour Max Einsenhardt. J’ai confiance en lui, je l’ai rencontré en 1943 à Treblinka.
Erik